Tricothérapie retour d’expérience …

Avec une expérience de 16 ans dans des services de soins, et plus particulièrement en service de psychiatrie, auprès d’enfants, d’adultes ou de personnes âgées, j’avoue que pour moi, les bienfaits de la « tricothérapie » ne sont plus à démontrer.

Le tricot, le nouveau yoga de l’esprit (pas si nouveau finalement, et si vous vous demandez depuis quand on tricote, je vous invite à lire la petite série sur l’histoire du tricot)) 

tricothérapie
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J’ai pu, dans plusieurs de ces services, mettre en place une activité « Tricot » qui s’est révélée à chaque fois plus que positive.

Celles et ceux qui savaient déjà ont été heureux de retrouver des gestes qu’elles/ils pensaient avoir oublié.

Heureuses/eux aussi de se rendre compte qu’elles/ils étaient toujours « capable de », peu à peu elles/ils reprenaient confiance en eux.

Heureuses/eux de pouvoir réaliser des choses avec leurs dix doigts, regagnant ainsi peu à peu l’estime de soi, qu’elles/ils avaient un peu mis de côté.

Petit à petit, la fonction de concentration se remettait en place, et les mains se remettaient en mouvement, la satisfaction dy arriver pouvait s’entendre ou se lire sur leur visage.

Avec les enfants, âgées de 7 à 18 ans, je craignais que ce soit plus dur, qu’elles/ils me prennent pour un OVNI….et pourtant !

Quatre-vingts dix-huit pour cent des enfants ayant séjourné dans mon service, ont été demandeur. Les garçons n’étant pas les derniers…. Ils se sont révélés, souvent, très doués, pour cette technique, certains ont même progressé attaquant, torsades et jacquard…

D’autres réalisant bonnet ou petits chaussons à offrir à un futur petit frère, un bonnet à offrir à une grande soeur à l’occasion d’un anniversaire…

C’est dire.

Des fins d’après-midi conviviales, des soirées télé-tricot-tisanes où nos sept petits pensionnaires, aiguilles en main, dans un silence de cathédrale, s’appliquant alors à avancer points à points.

Souvent, l’activité à été un moteur d’aide et d’entre aides entre chacun..

Souvent, l’activité à été un moteur d’aide et d’entre aide entre chacun.

Et ce n’était pas gagné, tant, parfois, la violence de leur rapport était présente.

Mais, cette activité apaisante les reliait les uns aux autres, et quand un perdait une maille, butait sur un point …il n’était pas rare de voir les autres voler à son secours.

Ces petites séances de fin de journée, donnaient lieu à des moments de douceur, de confidence, d’écoute, de bonnes ententes et surtout, surtout de bonne humeur.

Chaque fois qu’un nouveau pensionnaire arrivait, il était pris dans notre spirale laineuse, avec un grand naturel.

Jamais de moquerie, jamais de remarques désobligeantes, non, au contraire, chaque fois de l’admiration, sur ce qu’était capable de faire le reste du groupe.

Bien sûr, chaque nouveau à eu, de ma part, le même lot de questions :

Alors, ça te plaît ? Tu ressens quoi ?? Tu en penses quoi ?? Tu trouves ça comment ??

Et chaque fois les mêmes réponses :

« J’adore, je trouve que ça me calme, ça m’enlève le stress », ou encore « ça m’enlève la colère ça me vide la tête, et quand je tricote, je ne pense à rien d’autre, je ne croyais pas que je serai capable d’y arriver » 

Mosaïque des réalisations faites par X en à peine trois semaines.

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Secret médical, oblige, je ne pourrai pas vous montrer toutes les photos prises lors de ces petits ateliers.

J’ai pu noter, au bout de plusieurs mois, une chose étrange et similaire à tous les enfants que j’ai initié dans ce service, ils étaient véritablement « girouettes » au début.

Je m’explique, au début de leur apprentissage tous étaient changeants. « Je veux de la laine rouge fine pour faire ……, dans l’heure suivante, je veux de la grosse laine bleu pour faire….. Le lendemain, finalement, je veux essayer la laine blanche pou faire… Et dans cette phase, aucun n’arrivait au bout de son projet.

Puis un beau jour, plus rien ne change, on garde la même laine, on garde les mêmes aiguilles, on garde le même point et on arrive au bout du projet.

Avec le recul, je me suis rendue compte que lorsque elles/ils étaient dans cette dernière phase, c’était un gage de bien être et cela correspondait presque toujours, au moment où la prise ne charge arrivait finalement au bout, parce qu’elles/ils allaient mieux et étaient sur le point de terminer leur séjour hospitalier. Le tricot serait-il alors, un indicateur de bien-être ?

Si vous voulez en savoir un peu plus sur mon expérience avec les enfants, je vous invite à lire le passage de cette publication (paragraphe 28) Il était une fois, une fois il n’était pas … la Tricoteuse 

Ces retours, je les ai demandées aussi à mes adorables stagiaires Dacquoises,

Dès demain, vous pourrez découvrir ce qu’apporte le tricot dans leur vie quotidienne, sur le corps et sur l’esprit.

Et vous tricoteuses/eurs addicts une idée sur la question ?

 

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Pascale

6 commentaires sur "Tricothérapie retour d’expérience …"Donnez votre opinion →

  1. Bonjour,

    En tombant par hasard sur votre article j’ai été juste… waaah ! Je suis tout simplement ravie de voir que le tricot peut aussi bien fonctionner avec ce type de public. Je passe mon diplôme d’ES cette année et je me suis plusieurs fois demandée si par la suite je pouvais monter un atelier tricot, avec qui, et comment, en m’interrogeant sur l’intérêt que des enfants pourraient porter à la question. Car autant je vois sans problème les bienfaits du tricot, qui ne sont plus à démontrer (même les scientifiques le disent !) autant j’avais un peu de mal à voir s’il peut être bien accueilli ou pas par des « jeunes ».

    Du coup votre article me rassure, et si jamais j’ai l’occasion une fois en poste de lancer du tricot… je tenterais et advienne que pourra !

    Merci pour votre témoignage qui fait chaud au coeur, ça fait plaisir de voir que des personnes peuvent partager cette passion qui apporte énormément à tout le monde, y compris dans les hôpitaux.

    1. Bonjour Chocofox

      J’ai débarqué dans ce service sur un remplacement de poste d’ES (je suis AMP à la base) pour un mois et demi, finalement, une fois ES en poste j’y suis restée quelques temps 😉
      En arrivant dans ce service, tout était sous clefs, je n’avais pas encore rencontré les responsables des activités, du coup je n’avais pas encore droit au sésame (la petite clef de l’armoire du matériel…) alors, il a fallut trouver des statégies à la fois pour prendre ma place dans l’équipe, puis créer un lien avec les ados.
      Ma chance a été que lorsque je suis arrivée 5 enfants sur 7 étaiient des filles de 14/15 ans. J’ai passé 48h à les observer, les écouter… à priori les travaux manuels semblaient les intéresser, alors j’ai osé leur proposer cette activité, j’ai d’abord eu droit à des « mais c’est ringard non le tricot, c’est un truc de vieille » .
      Je n’ai pas cherché à démentir, juste que ça revenait à la mode, que ça pourrait les occuper. Après j’ai eu droit a :
      « mais on va pas y arriver » alors, j’ai ajouté ma petite formule « ben si tu n’essayes pas tu ne peux pas savoir »
      elles ont argumeté « oui, mais on va tricoter quoi? » moi « ben des snoods c’est super facile, vite fait et très mode »
      « ah mais c’est trop génial »
      Du coup le endemain, j’ai porté de chez moi aiguilles, pelotes et catalogues (on sait bien que les services public ont des moyens très limités).
      Je crois que c’est ce geste dénué de toutes arrières pensées qui les a le plus touché!
      Comment quelqu’un qui ne les connaissait pas, pouvaient leur faire tellement confiance, qu’elle leur prêtait du matériel qui lui appartenait, et leur offrait des pelotes (non mais c’est toi qui les a acheté ??? c’est pas l’hôpital ?? toi, avec ton argent?? » )
      Elles ont été hyper sensibles à ce tout petit geste, m’ont adopté dans l’instant, et ce sont mises au tricot avec une volonté de bien faire …
      L’effet a été magique, tant au niveau des enfants que de mes collègues et des médecins…
      Et ce qui est amusant c’est que lorsque je partais en repos ou en congé et que des ennfants partaient, laissant la place à d’autres, j’étais de suite identifiée par ces nouveaux venus… j’étais accueilli par « C’est toi qui apprend à tricoter ??? tu serais d’accord pour m’apprendre aussi?? »
      Et bien que prévenue par le reste de l’équipe, sur le fait que mon matériel serait probablement, cassé, perdu, volé….. seule une aiguille à tricoter à essayé de se transformer en tourne vis, une seule en 3 ans … je crois vraiment que cette activité à sérieusement plu aux enfants
      C’est surtout à partir de cet atelier que j’ai pu commencer à prendre du recul et à réaliser les bienfaits du tricot sur toutes ces années passées à faire des ateliers avec des personnes en situation de handicap, qu’il soit moteur ou psychologique.
      Je te souhaite plein de belles choses pour la suite, et tu verras, quand on veut….on peut 😉 c’est tellement enrichissant !

      1. C’est vraiment génial de te lire, on sent la passion et la bienveillance, c’est très plaisant et rassurant aussi de savoir qu’il y a encore des professionnels attentifs aux autres dans ce milieu. Je comprends ta démarche et ne peux que l’approuver pour l’avoir déjà observée : dès qu’on propose quelque chose dénué de manipulation, juste par envie sincère de partager quelque chose et de montrer aux autres qu’ils sont capables de faire, la relation prend un essor magnifique. Et on a beau dire « Non mais fais gaffe ils vont tous casser ou te voler ! » c’est jamais le cas ou très très très peu. Et même là il y a possibilité d’utiliser l’acte pour le bien de l’autre et non pas l’enfoncer comme c’est fait la plupart du temps.

        Bref encore un grand merci pour ton témoignage dont je me souviendrai quand je tenterai l’aventure un jour en poste ! Comme quoi le tricot nous apprend toujours énormément de choses… même sans laine !

        1. Merci C’est gentil !
          Passe repasser me dire ce que ça donne 🙂 j’ai hâte de savoir !!!
          Je te souhaite autant de succès que j’en ai eu pour cet atelier sans prétentions !

    1. Merci Julia, quelques témoignages sont déjà là, et j’aime beaucoup ce que j’ai pu y lire…., je les publirai dans leur ordre d’arrivée..
      N’oublie pas de le faire passer aussi à Brigitte

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